Parce que le Devoir de mémoire est une des priorités de la ville d’Ollioules, voici un rappel historique de ce qui s’est passé à Ollioules en août 1944.
Pourquoi le débarquement en Provence est-il un fait majeur pour la France ?
C’est là où les soldats français ont été les plus nombreux : 250 000 pour 120 000 soldats alliés. C’est l’armée d’Afrique devenue l’armée B du Général de Lattre de Tassigny qui, après avoir fait l’amalgame avec les forces françaises de l’intérieur, devint la première armée française qui chassa l’envahisseur jusqu’à Strasbourg avant de se couvrir de gloire dans l’épopée Rhône Rhin Danube.
Nombreux furent aussi les Ollioulaises et les Ollioulais qui prirent part à notre libération et à la libération de notre Pays. Nous connaissons tous les figures emblématiques, héroïques que furent Honoré D’ESTIENNE D’ORVES ou Baptistin DAUMAS.
Il faut aussi évoquer la mémoire d’un Citoyen d’Honneur de la ville d’Ollioules, ancien résistant, ancien Président de l’ANACR d’Ollioules : Jean CALLENES décédé en décembre 2013.
Jean CALLENES a écrit en juin 2004 un opuscule intitulé « Mémoires d’Anciens des FFI d’Ollioules » 1940 – 1944. Voici quelques extraits significatifs de l’organisation et des actions de la Résistance à Ollioules.
Tout d’abord Jean CALLENES rappelle que le 3 juin 1943 il y a eu la création du C.L.N. (Comité de Libération Nationale) à Alger par le Général de Gaulle et que dès janvier 1943 la Résistance a commencé à s’organiser par le Rassemblement des divers mouvements.
Extrait n°1
Principaux responsables de la Résistance à Ollioules :
CLAESSENS Francis Chef du secteur Ouest Var
DAUMAS Emile Adjudant-chef, chef de secteur
RADAZ Eugène Chef de trentaine
BARACO Eugène Chef de trentaine
SAURET Sous-Lieutenant, gendarme à OLLIOULES (relation avec la Résistance)
CORDIER Omar gendarme à Ollioules (relation avec la Résistance dans le département)
COMITO J. Chef de trentaine
Extrait n°2
Le nombre de résistants enregistrés à Ollioules est de cent douze. En mars 1943, le chef de groupe Claessens reçoit l’ordre du chef Départemental de se mettre en rapport avec les antifascistes croates enrôlés de force dans l’Armée italienne afin d’obtenir des renseignements sur l’occupant et si possible de récupérer des armes.
Bonsignori Paris, est réfugié antifasciste italien à Ollioules, Claessens le charge de cette mission.
Lors de la capitulation de l’Italie en septembre 1943 de nombreuses armes furent récupérées.
Extrait n°3
LES ACTIONS DES RÉSISTANTS FURENT NOMBREUSES DE 43 A 44
Août 1944 :
Sauvetage de la destruction du Pont de Toulon Ollioules (aujourd’hui Pont du Faubourg) sur la Reppe par la Résistance.
(Fabre Jean, Toti André) aidés par un artificier de la mairie (Durbec Léon).
Ce pont rendra de nombreux services à l’armée de Delattre.
Extrait n°4
23 août 1944 :
Tôt le matin, le chef Claessens décide, sachant les gorges peu défendues, de détacher une estafette auprès des troupes françaises.
C’est un jeune F.F.I de 17 ans (GIACOSA Pierre) qui va se rendre à Sainte-Anne d’Evenos avec un vélo, pris certainement à l’armée allemande. Arrivé, il prend contact avec le chef du détachement, mais ce dernier, en raison de l’âge du messager ne lui fit pas confiance. Convaincu, après moult discussions, l’officier français enverra deux unités de la Deuxième Compagnie de la C.C.I (Compagnie Canons d’Infanterie).
On positionna aussitôt les chars, l’un devant le pont de Toulon, l’autre dans l’alignement de la rue de la République.
Peu de temps après des camions militaires allemands chargés de soldats feront leur apparition en haut de la route de Toulon.
Le char, mis en position, ouvrit le feu, les camions touchés de plein fouet explosèrent, flambèrent, entraînant de nombreux morts. Les survivants abasourdis, désemparés ne tardèrent pas à se rendre.
Ceci a pu être réalisé grâce aux troupes françaises, composées de soldats Français, Algériens, Sénégalais et des Résistants locaux. Les troupes françaises avaient parcouru près de cent kilomètres en quatre jours, fortes de seize mille hommes, trente chars, quatre-vingt canons, contre vingt-six mille militaires allemands avec deux-cents canons de tous calibres.
Toulon étant libérée le 27 août, soit sept jours avant la date prévue par l’Etat-Major.
Extrait n°5
OLLIOULES libérée était sécurisée
24 août :
A deux heures du matin : le deuxième bataillon du Quatrième RTS quitte Sainte-Anne d’Evenos : Pour se rendre à Ollioules.
Il arrivera à sept heures du matin, à sa tête le Colonel Bourgund (ancien résistant, ayant rejoint Alger, puis les F.F.I en passant par l’Espagne).
Celui-ci félicite la Résistance ollioulaise, puis dirige un groupe de F.F.I aux arènes (Toulon) pour aider les soldats français et rassembler les nombreux prisonniers allemands. Il dirige également le bataillon des Tirailleurs Sénégalais vers l’Escaillon, puis vers le Pont Neuf.
Il fallait maintenant continuer la lutte, jusqu’à la libération totale de la France. Ce que firent de nombreux Résistants, certains en s’engageant dans le régiment des Maures, d’autres dans l’armée de la Libération.
Nous Résistants, nous devons, nous souvenir des combats de la Libération.
Nous souvenir des Résistants ollioulais, et également des morts lors des bombardements.
Nous citerons pour mémoire les morts au combat :
– CHABAUD CHARLES tué dans l’Aveyron le 21 août 1944
Extrait n°5 (suite) :
– CHIACCONI JOSEPH tué à Seillans sur Argens le 20 août 1944
– PELLEGRINO PIERRE tué à Seillans sur Argens le 20 août 1944
– PINARD GABRIEL tué près d’Esparon le 20 août 1944
– DECUGIS RAYMOND tué à l’île de la Réunion le 28 novembre 1942, par un militaire sous les ordres de Vichy.
N’oublions pas PINCO JEAN tué dans Ollioules le 23 août 1944 et l’Abbé Georges CHATAGNON tué le 22 août 1944 à Toulon (il avait sauvé plusieurs membres des Corps Francs d’Ollioules).
Mercredi 23 août 2023 comme chaque année depuis ce 23 août 1944, la ville d’Ollioules se souviendra et rendra hommage à celles et ceux qui ont résisté à l’oppresseur et permis la libération de la ville.
La cérémonie officielle débutera à 18h15 sur les lieux mêmes des combats au Carrefour du 23 août 1944 et se poursuivra aux monuments aux morts place Honoré d’Estienne d’Orves.
Sources : Jean Callenes « Mémoires d’Anciens des FFI d’Ollioules » 1940 – 1944.
Photos : collection personnelle Mme Aubin