Couvent des Observantins

Ordre religieux franciscains, les frères observantins furent les premiers à s’installer à Ollioules, vers le milieu du XVIème siècle, sans doute sous l’influence des seigneurs du lieu. Leur chapelle, vendue comme Bien National a la Révolution, fut dès lors transformée en habitation, et a conservé cet aspect que nous voyons aujourd’hui. Des vestiges de la chapelle d’origine (abside, contreforts) subsistent à l’arrière de ce bâtiment, ainsi que ceux des bâtiments conventuels et du cloitre dans la maison voisine.

Leur cloître aujourd’hui transformé en jardin public porte le nom du poète provençal Frédéric Mistral, accueil de nombreuses plantes endémiques de la région.

L’acquisition de ce bâtiment par la ville d’Ollioules permet d’étendre la valorisation du Patrimoine historique à ce faubourg, qui fut le premier à se constituer ; avec le moulin de la Tour voisin, il forme un témoignage important sur l’évolution de la ville à travers les siècles. D’autre part, c’est le seul des anciens couvents ollioulais, qui furent au nombre de 4, dont il subsiste des vestiges, ce qui méritait un souci particulier de préservation. Enfin, la présence en rez-de-chaussée d’un décor de gypserie complète l’opération entreprise autour de la Maison du Patrimoine pour mettre en valeur l’exceptionnel patrimoine que représentent les décors de plâtre ollioulais. De plus, la création d’un jardin public à l’emplacement des anciens hangars acquis par la ville en bordure du couvent rendra à cet espace, qui faisait partie du monastère avant la Révolution, sa vocation d’origine puisque les moines y avaient un jardin.

 Les têtes d’anges qui ornent les pilastres latéraux et la clef centrale du portail sont d’une grande qualité de réalisation, qui apparait encore malgré les repeints. Ils sont d’un type plus classique que les gypseries de la Maison du Patrimoine et son vraisemblablement plus tardifs dans le XVIIème siècle.

 Qui sont les Observantins ?

 Les Observantins sont des moines franciscains qui, à la faveur de la Contre-réforme, reviennent à la règle originelle de Saint François d’Assise, qui fonda leur ordre au XIIIème siècle. Les Franciscains, appelés aussi Cordeliers en raison de leur ceinture de corde nouée de trois nœuds, ou encore Frères mineurs, étaient vêtus d’une tunique de gros drap gris, d’une capuce ou chaperon et d’un manteau de même drap et couleur. Ce fût le premier ordre à renoncer à posséder des propriétés temporelles. Ils appartiennent aux ordres mendiants. L’influence des Observantins fut grande en Provence, où leurs couvents étaient nombreux.

Dès le XIVème siècle, les Observantins obtiennent d’être distingués des Conventuels. En 1517, la séparation entre Observants et Conventuels est appliquée à l’ensemble de l’ordre. A la suite du Concile de Trente (1545-1563), qui marque un tournant dans l’histoire du catholicisme et entraine la réforme de nombreux ordres religieux, les Franciscains se séparèrent en Observantins et en Capucins (ordre fondé en 1526 et nommé d’après leur chaperon très pointu, ou capuce).

Le couvent comprenait une vaste chapelle ouvrant sur la placette qui prolonge la place Trotobas de l’autre côté de la rue Nationale, et des bâtiments conventuels en bordure de la Reppe. Un large cloitre voûté d’arêtes courait au rez-de-chaussée du bâtiment, dont certaines portions sont encore visibles aujourd’hui. Dans l’aile principale subsistent les vestiges d’un bel escalier d’honneur et, à l’arrière, des fenêtres en ogive remontant aux origines du couvent. A l’intérieur du cloitre, communiquant sans doute avec la chapelle, une magnifique porte ornée de gypseries du XVIIème a survécu aux vicissitudes de l’histoire, avec ses anges d’une grande finesse et son fronton baroque à denticules. A l’arrière se développait un vaste jardin, dont subsistent également quelques structures. Le cadastre de 1790 nous décrit l’ensemble de trois jardins. Les vestiges des XVIème et XVIIème siècle déjà identifiés, et que les travaux de restauration devraient compléter, en font d’ores et déjà un ensemble exceptionnel.

 La communauté installée à Ollioules ne fut jamais très nombreuse, ne comportant que quelques moines. Le couvent vivait des aumônes et d’aides accordées par la ville, comme nous le révèlent souvent les cahiers de délibérations conservés aux Archives communales, mais aussi des legs faits par les riches notables. En 1634, la présence des Franciscains dans le quartier fut renforcée par l’installation de sœurs Clarisses, ordre féminin franciscain, venues du couvent de Toulon; ce couvent se dressait entre l’actuelle place Trotobas et la rue de Vintimille (auj. rue République), le long de l’actuelle rue Barbusse.

 Le couvent des Observantins, dit aussi des Cordeliers, est le premier et le plus important des couvents d’Ollioules. Il s’implante vers le début du XVIème siècle dans le faubourg du Septem, vraisemblablement à l’initiative du seigneur d’Ollioules, auquel les terrains semblent avoir appartenu à l’origine. En effet, les Vintimille d’Ollioules ont des contacts étroits avec les Observantins de Marseille et d’Aix-en-Provence (où ils s’établissent au milieu du XVème siècle), certains seigneurs ollioulais ayant leur tombeau dans la chapelle de ces derniers. Ce sont des moines venus de Marseille qui s’installent à Ollioules, comme le confirme le cadastre de 1692. C’est vers 1598 que les travaux seront définitivement achevés. Ce couvent donna son nom originel à l’actuelle rue Gabriel Péri, qui s’appelait autrefois rue de l’Observance ou rue menant à l’Observance.

Un certain nombre de familles nobles et bourgeoises avaient leur tombeau dans cette chapelle. On trouve ainsi une Dorothée de la Boulasque, inhumée en 1713, M. de Giraudy de Piosin, propriétaire de la bastide Montauban, enseveli dans la chapelle des Observantins en 1719, Antoine Décugis de la Tourelle, en 1741, Claude de Flotte de la Crau, en 1742, Elzéard de Virelle de la Milhière, en 1745, les familles Soleilhet, Bouis, Audibert, Sicard, Clavel, Lardier, Liautaud, Jourdan, Decugis, Guiot y avaient également leur caveau. Cela montre les liens étroits existant entre le couvent et les notables ollioulais, et les aides financières dont les moines devaient jouir.

 A la Révolution, l’ensemble du couvent des Observantins fut confisqué comme Bien National, comme nous l’indique le cadastre de 1790, puis vendu à des particuliers. Chapelle et bâtiments conventuels furent lotis et transformés en habitations. C’est le notaire Jean-Baptiste Lantier qui en fait l’acquisition, puis sa fille en apporte une partie par mariage à Jacques Gueit en 1791. La chapelle, acquise par le meunier Michel Gast, fut doublée de nouvelles façades de style classique du côté de la place Trotobas, mais on peut encore en voir l’abside à contreforts depuis la rue de la Tour et le boulodrome du parking du 8 Mai. Les bâtiments conventuels furent eux aussi profondément remaniés et le grand portail d’entrée de l’aile principale, de style classique provençal, porte d’ailleurs la date de 1792.

Le pigeonnier construit à l’arrière du bâtiment principal, avec ses deux pavillons en saillie, fut construit au XIXème siècle, puisqu’il n’apparait pas sur le cadastre napoléonien de 1829. Cette élégante construction, qui témoigne du goût du XIXème siècle pour les constructions de jardin, méritera une restauration.

 Le pigeonnier que l’on peut actuellement voir à l’arrière de l’aile principale du couvent est une construction tardive du XIXème siècle. Sa façade est régulièrement percée de 5 travées de fenêtres et son toit s’orne aux extrémités de petits pavillons coiffés en bâtière.

 

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